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Un chemin et des mots
18 mars 2011

Parce qu'il faut en parler ...

Hier soir je regardais une série débile a la télévision, une série française avec des acteurs médiocres en plus pouhaaaaa ! mais le sujet de fond ne me laissait pas neutre, et pour cause il s'agissait d'un homme abusé sexuellement quand il était enfant par son oncle.

Je sais que je parle ici souvent de moi mais j'évite en général de rentrer dans les détails de mon passé, non par pudeur, mais parce que j'ai travaillé longuement sur mes démons, et qu'aujourd'hui ils font partie de mon histoire, ils m'ont aidé a devenir ce que je suis, ils font partie de moi, mais je suis passée a autre chose. Je ne reste pas bloquée sur hier. Pourtant ce matin, j'ai envie de parler. Parce qu'il faut en parler. Parce qu'on n'en parle pas assez. Parce que encore maintenant c'est un sujet tabou et qu'il ne faut plus se taire.

J'étais une enfant très sérieuse, très responsable, très raisonnable, ma mère tenait seule un petit commerce d'alimentation et je l'aidais souvent, je m'occupais de mon petit frère, tenais la caisse quand il y avait trop de monde, allait même a la banque en traversant la ville du haut de mes 8 ans avec la recette du magasin planquée sous mon blouson.

Un après midi, je rentrais de la banque justement, un vieux monsieur derrière moi m'a appelé pour me donner un ticket qui était soi disant tombé de ma poche. Je me suis approchée de lui pour vérifier et il m'a attirée vers lui, dans une arrière-courre, derrière la boulangerie, ou il garait sa "super mobylette" qu'il fallait absolument que je vois. Ce monsieur avec son manteau sale et son pantalon troué me faisait peur. Avec le recul, je ne comprends toujours pas comment j'ai pu me laisser entrainer dans cet endroit sombre. J'étais une enfant sauvage, moi, sauvage et très mure pour mon age. Je n'étais pas une petite fille folâtre et naïve. Pourtant malgré la peur, malgré la répulsion que m'inspirait son haleine avinée, je me suis retrouvée coincée entre le mur et ses bras qui se resserraient sur moi. Il voulait que je lui fasse un "bisou" pour me libérer. Je ne criais pas, ne me débattais pas, j'étais tétanisée. Je lui ai fais un bisou sur la joue, mais il en voulait encore et encore. Je commençais a pleurer. Je crois que ce jour la, mes anges ont "assuré" car en voyant mes larmes, il a desserré son étreinte et m'a laisse partir. J'ai couru, couru jusqu'à la maison sans m'arrêter. Me voyant pale et paniquée, ma mère m'a fait parler, je lui ai tout raconter. Elle est partie furieuse, une bouteille vide a la main qu'elle est allée lui fracasser sur le dos je crois ... Je ne l'ai plus jamais revu.

De ce jour, je suis devenue extrêmement consciente du danger que représentent les inconnus. J'étais très très méfiante et ne laissais personne s'approcher de moi ou de mon petit frère.

Le problème c'est que le danger ne vient pas seulement des inconnus.

Nous sommes un dimanche matin de juin. Ma mère est a la messe, mon père fait son tiercé, mon frère est en tournée (il était petit chanteur a la croix de bois). J'ai 14 ans et je révise mes cours pour le brevet des collèges. IL doit passer a la maison déposer un truc a mon père. Il m'est très familier, c'est un proche. J'allais en vacances chez eux quand j'étais petite.

Il sonne a la porte, me fait la bise pour me dire bonjour et jette un bref coup d'œil sur mes cours posés sur la table. Il est bizarre aujourd'hui ... un truc dans ses yeux que je n'arrive pas a definir.  Il s’approche de moi, un peu. Un peu trop. Il met sa main sur ma nuque, et me dit que je suis une "belle jeune femme" maintenant. Je ne comprends pas trop pourquoi il dit ca parce que vraiment, je suis en tenue de combat pour réviser, j'ai mon gros pull vert trop grand, un pantalon trop large, puis je ressemble a rien. J'étais tout sauf une belle jeune femme, même le pire des ados affamés et en rûte n'aurait pas voulu de moi a cette époque. Il y avait bien Stéphane, mon voisin qui était fou amoureux de moi, mais il était bigleux, ou plutôt il était sans doute le seul a avoir perçu ma lumière derrière mon visage bourré d'acné. 

Je réussis a me dégager doucement pour aller voir mon chien, mais il revient, insiste, me serre contre lui... Sous l’insistance de ses caresses, je commence a comprendre ce qu'il veut. J’essaie de me dégager mais son étreinte devient plus ferme. Il me dit que je suis belle, qu’il a envie de m’embrasser, de me caresser, il veut que je le touche. Il me dit que je le rends fou et son regard me fait peur, il se penche vers moi pour m'embrasser mais je tourne la tête et le repousse. Je lui dit : "non, non, non, NOOOOOON !!!" je crois hurler ce non de toutes mes forces et pourtant le son reste enfoui dans ma gorge. Je finis par me dégager. Il me regarde totalement hagard. Je crois que mes anges sont encore une fois venus a ma rescousse, car il recule. Je lui dit de partir : "va t’en, va t’en ! mes parents vont arriver "

Je sais que c’est faux. Ils ne seront pas la avant au moins 1h... Mais il se dirige vers la porte, se retourne une dernière fois pour me dire de ne parler de tout ca a personne... tu m’entends : PERSONNE !!!

Je m'écroule aussi secouée par la violence de la scène que par le choc qu’elle a provoquée en moi. Je ne serais désormais plus jamais la même ...  Il vient de détruire la dernière parcelle d'insouciance qu’il me restait. Je suis démolie totalement bousillée. J’étais déjà très méfiante, je ne fais désormais plus confiance a personne. Il vient de radicalement transformer la vision que j'ai de moi, des hommes et de l'amour.

Et les angoisses commencent. Chaque nuit. Chaque nuit son visage me poursuit, dans un magasin, dans la rue, au collège... Chaque nuit, je le vois, il me courre après et chaque nuit, je cherche a m'échapper. Chaque nuit, je revis ce supplice, il s’approche de moi, il veut me faire du mal. Alors je ne veux pas dormir, plus jamais. Ma vie devient insupportable.

Je ne pourrais jamais faire confiance a un homme. Je ne pourrais jamais aimer. Je ne pourrais jamais vivre comme les autres.  Je n’ai plus d’espoir tout me parait tellement noir, sans issue... Sauf que ces soirs ou le doute est trop fort, je me lève, je m’habille, je veux m'enfuir, quitter cette vie. J’enfile mon walkman et j’entends ce chanteur qui me dis de ne pas glisser. Qu’en chacun de nous il y a de la lumière, que c’est a moi de savoir ce qu’il faut en faire... Cette volonté, cette rage, cette énergie il me les transmet avec force. C'est toute mon âme qui les reçois a travers mes écouteurs.

Je me recouche et m’endors, le walkman sur la tête pour ne plus entendre le monde autour de moi, et en essayant de trouver la lumière dont il parle. Parce qu’il a peut être raison, la vie c’est pas ca, ici maintenant, mais ma vie a moi c’est demain, et c’est a moi de la construire. Je puise ma force en lui. J’ai envie d’y croire a nouveau... Grâce a lui, je ne glisse pas, je tiens bon,  grâce a lui je commence a rêver ... a rêver de demain.

Et puis un jour ... je rencontré GG. Il m'a aidé a me réconcilier avec moi, avec mon corps, avec les hommes, avec l'amour. C'est Patrick qui m'a permis de tenir, et c'est GG qui m'a libérée ...

Voila c'est un très long article que j'écris aujourd'hui, mais je ne pouvais pas bâcler un tel sujet. J'ai eu beaucoup beaucoup de chance dans tout ca, parce que mon traumatisme a moi n'a pas été physique. J'ai échappé au pire a 2 reprises. J'ai des anges gardiens absolument tip top.

Il ne faut pas avoir peur d'en parler. En parler, c'est dénoncer, c'est soutenir tous ces enfants abimées, détruits par ces adultes malades... Aujourd'hui, j'ai une pensée émue pour tous ces enfants.

triste

Je viens éditer mon article pour ajouter autre chose.

Je n'aurais pas imaginée qu'écrire cette histoire me remuerait autant mais en fait ce n'est pas tant l'écrire, c'est la publier la aux yeux de tous. Parce que cette histoire il a fallut que la taise. que je ne dise rien ni a mon père, ni a ma famille. que je m'éloigne. que l'on s'éloigne comme des parias.

Et pourtant je me surprends encore aujourd'hui a m'auto censurer. A ne pas LE dénoncer. pour le protéger sans doute lui et ses proches qui sont aussi les miens. Mais ce silence j'en peux plus... Je m'éloigne de cette famille qui m'a obligée a me taire, je m'éloigne sans rien dire encore une fois et ils ne comprennent pas. Parce que malgré le temps, malgré le fait que cette blessure guérisse, le silence lui est toujours la. Pesant.

Ma mère a été pourtant parfaite je dois dire, elle m'a écoutée, a tout de suite alerté "la haute autorité" mais on lui a imposé a elle aussi le silence, alors elle s'est tut.

Si j'ai écrit cet article aujourd'hui c'est parce que je ne peux plus me taire, parce que vous n'avez pas non plus le droit de vous taire ... parce qu'on a trop tendance a banaliser ces actes qui saccagent ces cœurs d'enfants, parce que la morale veut garder le secret... pour ne pas détruire l'équilibre des adultes, on détruit l'univers d'un enfant. C'est tellement plus confortable.

"Mais qui a le droit de faire ca a un enfant qui croit vraiment ce que disent les grands ???"

Je crois que Baby Witch me pousse encore une fois a aller au delà de moi ... c'est remuant certes mais libérateur j'en suis sure.

 

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Commentaires
C
Merci a toi Ennya ... le nettoyage de printemps est parfois douloureux mais nécessaire pour laisser entrer la lumière éclatante du soleil ... <br /> Je t'envoie plein de chaudoudoux - bisous
E
Bonjour Celine, <br /> <br /> ton article m'a beaucoup beaucoup touchée..cette nuit j'ai ecris plusieurs fois mon commentaire, mais je n'arrivais pas a le valider, je ne pouvais pas, mettre ca en mots. Je dirais juste aux femmes qui se posent la question :puis je aller mieux un jour ? je leur repond oui ! nous ne sommes pas victimes toute notre vie, c'est plus les agresseurs qui le sont par leur chemin d'évolution.. je n'ai aucune haine, je suis neutre, il m'a fallu de longues années pour aller mieux, taper au fond pour remonter, j'ai été jusqu'au bout de mes souffrances intérieures, j'étais a la limite de tout abandonner quand le hasard a mis mon compagnon sur mon chemin en 2006..:) il m'a appris a refaire confiance a un homme, mais je ne suis toujours pas a l'aise avec la gente masculine, tout dépend a qui j'ai a faire, "je sens tout de suite les hommes pervers ou pas clair" , dans leurs attitudes et dans leur regard , les regards qui sont des livres ouverts. Zhom a été d'une patience d'ange, il n'a pas gagné le gros lot avec moi, mais lui aussi se reconstruisais auprès de moi, il avait son vécu . Nous avons traversés de dures périodes, a cause de tout ca, mais il est toujours la..quand il m'a connu je ne mangeais plus, je faisais 42 kilos, aujourd'hui je crois que je suis a 52 kilos (oui ok, ptet 54, lol))!! :)) je me régale de tartiflette, de desserts et autres plats d'une façon normale je précise lol. Je ne suis pas épanouie a tous les niveaux, mais c'est pas grave, l'important pour moi ce fut d'aller mieux et souvent sans m'en rendre compte car c'est en se retournant derrière soi qu'on le remarque au bout de quelques temps. Accepter mes démons, mes <br /> souvenirs, des souvenirs qui se nettoient dans mes rêves. Je me souviens encore de sacrés nettoyage au niveau spirituel d'une force inouie, il y avait tant a faire..j'en ai encore, et je sais que c'est pour mon bien. Il fait soleil aujourd'hui, le printemps est la, je pense a ma petite mamie qui va partir rejoindre papy bientôt, et je me sens plus forte malgré ma tristesse dans cette attente d'un appel qui va me déchirer le cœur. j'ai réussie a être plus forte que mes souvenirs, que certaines épreuves, avec le temps car le temps est un ami.. j'envoie toutes mes plus douces pensées a vous, a toutes ces femmes, ces hommes, ces enfants,qui vivent ou qui ont vécus dans leur réalité, des cauchemars.. avec le temps, on y arrive, n'ayez jamais honte de vous ! car c'est a eux d'avoir honte ! et n'hésitez pas a faire la démarche d'aller porter plainte ou au moins dénoncer votre ou vos agresseurs, je sais que c'est pas facile, mais ca aide de savoir que quelqu'un d'autre que soi le sait enfin. je ne serais pas celle que je suis aujourd'hui, sans tout ca, j'en suis persuadée, mes guides m'ont toujours fais signe pendant ces périodes sombres, ces longues années ou je dévorais des livres, dans mes nuits de solitude, j'appelais les anges, l'univers, je ne savais pas a l'époque qu'il me fallait aller au bout de moi-même et que les années devant moi seraient nombreuses pour renaitre en ce moi véritable, celle que j'ai toujours su que j'étais dedans : celle qui aspire un jour a trouver une paix intérieure :) et il y a encore du boulot ! Mes guides doivent te remercier Celine ! :) un bon nettoyage de printemps ca fait du bien :) gros bisous a toutes. (désolé, j'ai encore pondu un roman.. :)) )
C
Merci a vous toutes pour vos mots, pour votre partage, pour votre présence. Ca compte beaucoup pour moi.<br /> Merci d'avoir croise ma route.<br /> <br /> Merci Celine d'avoir ose parler. <br /> Merci a toi Alice d'être toi<br /> Merci ma ptite Vero, je t'aime fort<br /> Merci chouchoutte pour ton soutien<br /> Merci Biche pour tes mots <br /> Merci Virginie, je sais ... et je t'embrasse fort<br /> Merci Stephanie pour ton témoignage qui me bouleverse, toi aussi tu es forte. <br /> Et bien sur Merci GG, mais un merci ne suffit pas ... <br /> <br /> Après avoir écrit cet article, mon corps a rejeté tout ce qu'il pouvait avec violence. <br /> Je n'ai plus aujourd'hui ni colère, ni rancune, ni peur et je suis heureuse d'être sortie de ce silence qui me pesait sans que j'en ai vraiment conscience. <br /> <br /> La vie est belle ... le meilleur reste a venir !
S
Comme je comprends ce que tu ressens. Oublier c'est impossible mais il est possible de vivre avec, d'être plus forte. Sortir du silence est le chemin obligatoire pour sortir de la honte et de cette culpabilité qui ne nous appartient pas. Si tu as des choses à dire, dis le, crie le haut et fort. Fais entendre ta voix. Ta famille doit savoir pour te libérer et vous libérer tous du secret qu'un salopard t'as obligé à garder si longtemps.<br /> <br /> Je me permet de te parler comme ça parce que pour moi, les anges en avaient décidé autrement. Ils ne m'ont pas épargné mais je n'en veux à personne. Je suis ce que je suis aujourd'hui parce que je suis passée par tout ça.<br /> <br /> Ils étaient deux, père et fils...le grand père et l'oncle. Deux hommes de ma famille à qui j'ai dû sourire et faire la bise pendant des années malgré l'horreur. Je n'ai pas porté plainte dans les délais, je n'ai pas osée. Mais aujourd'hui, la victime ce n'est plus moi, je suis celle qui les regarde d'en haut les rares fois ou je les croise. Et c'est eux aujourd'hui qui baissent les yeux. Moi j'ai la tête haute, je n'avais que 3 ans, je n'étais qu'une enfant, je n'étais coupable de rien...<br /> <br /> Désolée je me suis étalée, mais c'est un sujet qu me révolte toujours autant.<br /> <br /> Courage à toi, tu es forte...
G
Il est ou le pognon du beurre??????? Trop marrant ce GG<br /> <br /> Moi aussi je t'aime
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